• La fessée - ma profession de foi

    Aujourd’hui, un billet en lien avec les Vendredis Intellos.

    Il y a eu mon enfance. Il y a l'enfance des autres. Il y a eu une discussion avec mon futur conjoint et un couple de copains il y a des années. Il y a eu Edwige Antier. Il y a ma famille proche. Il y a les idées de loi depuis plus de vingt ans.

    Mon passé

    Dans mon enfance, c'était normal de se prendre des fessées. Il y avait un martinet à la maison, martinet que mon petit frère a eu comme "cadeau" à la Saint Nicolas parce qu'il était intenable cette année-là. (de la part du père fouettard, ma mère n'était pas une perverse non plus).

    Quand ma mère a un jour eu mal au mains lors d'une fessée sur le postérieur dodu de mon petit frère, elle a pris une chaussure.

    C'était normal de se prendre des baffes. A 12 ans, un jour, ma mère a approché sa main de mon visage pour me caresser la joue. J'ai reculé. J'avais vu la baffe venir. Normal.

    Mais non, je n'ai pas été ce qu'on appelle une enfant battue. Je n'ai aucun souvenir de douleur physique, ni spécialement d'humiliation. Par contre, des carences affectives, oui. De l'amour, aussi. Mais moins. Beaucoup plus de cris et de tapes que de câlins ou de je t'aime. Je n'ai pas été heureuse.

    Une partie de ma famille éduque toujours leurs enfants comme cela. En 2013 comme en 1910, l'éducation passe par l'autoritarisme et la force physique (voire la violence psychologique).

    Mon présent

    Maintenant, il y a l'enfance de ma fille, et celle des autres enfants, dont les vôtres, chers lecteurs. Le sujet est devenu beaucoup plus concret.

    Chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées. En dehors de discussions théoriques (loin des oreilles de mes neveux), je n'ai jamais émis le moindre commentaire sur l'éducation à la fessée que recoivent les cousins de ma fille.

    Pourquoi ? Parce que je ne suis pas les parents de mes neveux. Parce que je respecte les opinions, les défauts et les qualités de chacun, et je ne pense pas que ces enfants soient en danger. Pas plus que moi petite.

    J'ai de la peine pour eux. Mon coeur de mère et de petite fille saigne. Mais on ne m'a pas demandé mon avis (même s'ils le connaissent, théoriquement parlant), et ce sont eux les parents.

    En ce qui me concerne, depuis des dizaines d'années, je sais que je ne toucherais pas un cheveu de mes enfants dans un but éducatif. J'ai choisi mon conjoint dans ce sens aussi.

    Ma fille ne touche pas les prises électriques, pour reprendre un exemple courant, sans se faire assortir d'un "non" ferme et le plus souvent respecté (depuis ses 9 mois environ, elle le respecte). Le non est suivi d'une explication. Si le non n'est pas respecté, nous intervenons par la contrainte physique (éloignement de l'objet ou de la délinquante).

    Il n'y a pas que le non. Si je lui demande de venir se mettre en pyjama, c'est la même logique.

    Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais ressenti le besoin de la punir. Encore moins de la taper, ne serait-ce qu'une pichenette. Je ne vois même pas comment je pourrais faire une chose pareille, elle est tellement minuscule ?

    Alors, oui, elle n'est pas en crise d'opposition (quoi que parfois, je vous jure qu'il faut de la patience pour lui faire faire ce qu'on veut). Et je ne connais pas l'avenir.

    Mais je connais le passé. A plusieurs reprises, manquant cruellement de sommeil, à bout de nerfs, sous les hurlements incalmables, j'ai eu envie de lui balancer une peluche dans la tronche (elle a fini dans le mur, la peluche, pas la gamine) ou de la poser brutalement dans son lit. J'ai déjà passé 5 minutes à filer des coups de pied dans le mur pour ne pas la taper elle. Oui, mea culpa, je lui ai déjà hurlé dessus, j'ai claqué des portes.

    Alors oui, je vois très bien pourquoi on peut secouer un enfant, lui coller une baffe pour qu'il file droit ou qu'il arrête enfin de pleurer, ou n'importe quel autre usage de la force adulte. Je le ressens presque.

    Mais je ne toucherais toujours pas à un cheveu de ma fille dans un but éducatif.

     

    PS : Pour aller plus loin : http://www.oveo.org/, l'observatoire de la violence éducative ordinaire.
    A lire : la différence entre punition et sanction : http://www.psychanalysemagazine.com/psycho-psychanalyse-psychologie-communication-sanction-ou-punition-apprenons-a-faire-la-difference-jacques-salome.html

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  • Commentaires

    1
    Vervaine
    Samedi 6 Avril 2013 à 11:18
    Vervaine

    Je découvre ton blog par l'article sur la césarienne via les VI, et je tombe sur cet article-là.

    Juste envie de dire que cela pourrait presque être mon histoire.

    Jamais je ne toucherai un cheveu de ma fille. Oui les enfants savent nous pousser dans nos retranchements et nous énerver au + haut point (ma fille n'a "que" 2 ans), mais je suis persuadée que c'est à l'adulte de savoir se maitriser (et montrer par là à l'enfant qui, lui, ne sait pas encore -c'est un enfant, bordel !-, que l'on peut et doit le faire). Et quand ça nous dépasse, comme tu le dis, il y a les coussins, les tables, les murs, que sais-je. Mais pas l'enfant. Jamais l'enfant. Et en cela, j'ai encore la haine au ventre contre l'indivdu qui n'a pas su se maitriser et qui ose se prétendre mon père, et qui, en plus, quand j'ai essayé de lui en parler, rejette la faute sur moi (et donc prend le rôle de victime, lui !!! )

    A mes yeux, les violences physiques envers les enfants sont une marque de "faiblesse" du parent. Cela nous arrive ou nous arriveras tous (d'être faible, pas de frapper!). Mais de là à l'ériger en principe éducatif pour se dédouanner, NON !

    Merci pour tes mots.

    2
    quedubonheur Profil de quedubonheur
    Samedi 6 Avril 2013 à 17:29

    Merci Vervaine, ton commentaire me touche !

    Avoir eu une enfance suffisamment ratée pour s'en souvenir et savoir pourquoi (mais suffisamment réussie pour être capable de réfléchir et de mûrir), c'est finalement une chance pour nos propres enfants.

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