• Mon éthique de la gestation pour autrui

    Suite de l'article rédigé pour les vendredis intellos : La gestation pour autrui d'un point de vue éthique

    Mon éthique de la gestation pour autrui

    Si l'on accepte de mettre de côté l'argumentaire théorique du pour ou contre, et qu'on exclut du débat l'orientation sexuelle des parents présumés, peut-on répondre à ces deux questions ?

     

    1) Si je ne pouvais pas concevoir "naturellement", voudrais-je demander à une femme de porter mon enfant ?

    2) Si je connaissais 2 personnes qui ne pouvaient concevoir "naturellement", accepterais-je de porter leur enfant ?

    ----------------------------------------------------------------------------------------------------

    1) Si je ne pouvais pas concevoir "naturellement", voudrais-je demander à une femme de porter mon enfant ?

    Et si mon ventre était incapable de porter mon enfant ? Et si j'avais fait 10 fausses-couches d'affilées ? Si l'espoir était parti... mon désir d'enfant serait-il si fort que je souhaite penser à d'autres moyens de concevoir ?

    Le petit dernier sera-t-il le dernier? Pour chaque conception qui n'a pas eu lieu, il y a pour chaque enfant qui ne sera pas, chaque désir non concrétisé, un deuil personnel, plus ou moins conscient, plus ou moins violent.

    Les enfants que je n'ai pas eu avant ma fille sont une petite, toute petite, absence. Les enfants que je n'ai pas eu avec mon amour de jeunesse, les enfants que je n'ai pas eu suite à un rapport non protégé, cette pilule du lendemain prise au cas où...

    Ces enfants absents seraient devenus un vide effrayant si je n'avais pas pu concevoir ma fille.

    Si je n'avais pas pu porter mon enfant, au moins un, j'aurais fait une demande d'adoption. Cette décision est spontanée, évidente, pour moi, pour mon mari. J'ai beaucoup à donner, et si je ne peux pas le donner à un enfant conçu naturellement, je le donnerais à un enfant qui en a besoin.

    Et si une demande d'adoption n'avait jamais abouti ?

    Je ne pense pas que je demanderais à une autre femme de porter mon enfant. Je suis trop jalouse. J'aurais trop peur qu'elle s'y attache trop. J'aurais trop mal pour l'enfant. Pour sa mère porteuse.

    L'autre jour, je regardais un documentaire sur les hippocampes. Le biologiste pèche 3 ou 4 spécimens d'hippocampes. Il les recueille délicatement dans sa main, les montre à la caméra. "Celui là est un beau spécimen, il doit avoir 2 ans". Mon coeur a saigné : l'hippocampe a été arraché à son milieu, peut-être sa mère, sa famille, sans comprendre ce qui lui arrivait. "Il a une mère!! Remets le dans l'eau tout de suite!"

    Evidemment, j'anthropomorphise. Mais je ne pourrais pas enlever un enfant à sa mère, porteuse ou non. Et ses battements de coeur rassurants ? Et son odeur? Et sa voix? Comment pourrais-je faire ça...

    "La bonne décision" peut être prise aussi pour l'enfant qui ne sera pas. C'est déjà une décision de parent.

    Mon éthique de la gestation pour autrui

    2) Si je connaissais 2 personnes qui ne pouvaient concevoir "naturellement", accepterais-je de porter leur enfant ?

    Le sujet se recoupe... bien sûr. Mais le sentiment provoqué chez moi n'est pas le même.

    L'envie d'aider, l'envie qu'une famille puisse connaître ce bonheur inouï que nous connaissons avec notre enfant. Ca me touche.

    M'attacherais-je de la même manière à un enfant porté pour d'autres ? Est-ce que je le rêverais comme les autres? Est-ce que je lui parlerais comme aux autres? Si il n'avait aucun lien génétique avec moi ? Pour créer une famille ? Si je n'étais qu'une structure d'accueil ?

    Je suis moins tranchée sur cette question. J'aurais envie de dire oui.

    Et je ne le ferais pas. Parce que je sais que je souffrirais trop. Qu'il me serait impossible de trouver ma place auprès de cette nouvelle famille par la suite. Est-ce de l'égoïsme ?

    Et l'enfant? Serait-il heureux ? D'avoir été conçu, envers et contre tout?

    Pourquoi ses parents le souhaitaient-ils tant qu'ils prennent ce risque de concevoir un enfant destiné à perdre sa première mère?

    Je ne suis pas sûre que le jeu en vaille la chandelle.

    « Les maths ont-elles un sens?La peur de la douleur de l'accouchement »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :