• L'orthographe, une religion ?

    Suite de l'article posté sur les vendredis intellos "L'apprentissage de l'orthographe"

    Je ne m'étais jamais posé la question non plus de la sacralisation de l'orthographe.

    François de Closets n'y va pas avec le dos de la cuiller : "En France, l’orthographe est une véritable religion. (…) La note de la dictée, c’est le QI à la française!" et Bernard Pivot y remet une louche : " L’orthographe n’est plus cette religion laïque dont des générations d’instituteurs et de professeurs ont été les impitoyables célébrants du culte."

    "Dans toute société, la langue est un instrument de pouvoir autant qu’un outil de communication, un marqueur social autant qu’un identifiant national. Cette fonction est très pesante en France."

    François de Closets, dans son livre "Zéro faute", liste 3 postulats qui fondent ce qu’il appelle la « graphocratie française » et qui imposent un conservatisme absolu :
    - le postulat d’essence : l’orthographe traduit l’essence même
    de la langue. On ne saurait y toucher sans altérer l’esprit du français.
    - le postulat de cohérence : l’orthographe forme un ensemble logique dans lequel on chemine par l’intelligence et la réflexion.
    - le postulat de perfection : notre langue est admirable jusque dans ses imperfections qui se fondent dans un ensemble d’une parfaite harmonie.

    Vu sa difficulté (voir l'apprentissage de l'orthographe, sur les vendredis intellos), l'orthographe de la langue française ne peut s'apprendre qu'avec un sachant. A fortiori, avec un précepteur ou à l'école. Une bonne orthographe implique aussi une mémorisation étendue, et s'entretient par la lecture. Ce qui implique d'avoir accès aux livres et le temps d'en lire.

    Le marqueur social est dès lors évident. L'appartenance à un certain milieu et à un certain sexe a longtemps prédéterminé le niveau d'orthographe. Les femmes, au XVIIIème siècle, écrivent comme elles parlent et ne respectent que 25% des normes orthographiques, contre 90% pour les hommes.

    Aujourd'hui, ce marqueur perdure dans les critères d'embauche par exemple... pourquoi ?

    "Une orthographe compliquée s’offre comme l’un des meilleurs critères discriminants en ce qu’il marie élitisme et démocratie. C’est ainsi que la France est devenue la patrie de l’orthographe."

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  • Commentaires

    1
    sphinx222
    Vendredi 3 Mai 2013 à 13:54

    Très intéressant ! Sans parler de "sacralisation", je répondrai  :  parcequ'il y'a des nuances importantes qui ne sont traduites que par l'orthographe.

    Je pense même que c'est encore plus important avec le mail et le web, paradoxalement : on sait bien que la personne a écrit vite, que son doigt a pu riper, qu'il a pu effacer un mot par erreur etc... donc devant une faute d'othographe on ne sais pas toujours si c'est une faute ou un erreur de frappe (je suis sûre que je vais laisser en passer dans cette réponse ). Dans ce cas la confusion participe passé/infinitif , singulier/pluriel, féminin/masculin, point/virgule empêche la bonne compréhension du texte lu, tout simplement. Je ne compte pas les mails de collègues pour lesquels je dois téléphoner sous un motif détourné pour savoir si j'avais bien compris leur intention, si j'ai bien compris qui doit faire quoi ou si ça a déjà été fait, si il faut amener un ou plusieurs exemplaires d'un objet à une réunion par exemple. Il faut avouer que la communication est plus fluide, efficace, fine ou nuancée quand il le faut avec des collègues ayant une bonne orthographe...

    Je n'en déduit pas que ce sont des incultes ou des incapables loin de là ! Certains choisissent manifestemment des tournures qui leur évitent de se poser trop de questions avec certains accords, c'est une très bonne solution puisqu'on se comprend. L'orthographe est pour moi avant tout le moyen d'exprimer des choses claires et subtiles bien utiles dans la communication par écrit, tout simplement.

    2
    sphinx222
    Vendredi 3 Mai 2013 à 15:13

    Je l'ai vue "déduis"

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